Avouons-le : notre téléphone est devenu comme une extension de notre main. En tant que maman, il est à la fois notre lien avec le monde extérieur, notre appareil photo pour immortaliser les premiers sourires, notre encyclopédie de questions nocturnes sur la fièvre du bébé, et parfois, notre échappatoire pendant les moments d’épuisement.
Selon une étude récente de Santé Publique France, les jeunes mamans passent en moyenne 4h30 par jour sur leur smartphone, soit près de 30% de leur temps d’éveil. Ce chiffre peut sembler alarmant, mais il reflète une réalité : la maternité peut être isolante, et nos écrans deviennent souvent une fenêtre sur le monde.
Pourtant, cette connexion permanente a un coût. Des recherches menées par l’Université de Paris ont démontré que l’utilisation intensive du téléphone pendant les moments avec nos enfants réduit de 40% la qualité des interactions parent-enfant et augmente de 35% le sentiment de culpabilité chez les mères.
La question n’est donc pas de diaboliser nos téléphones, mais plutôt d’apprendre à les utiliser de manière consciente pour préserver ces moments précieux avec nos petits, tout en prenant soin de notre propre équilibre mental.
Pourquoi est-il si difficile de décrocher ?
Notre dépendance au téléphone n’est pas le fruit du hasard. Les applications que nous utilisons sont conçues pour capter notre attention et nous maintenir connectées le plus longtemps possible.
Les notifications, les likes, les actualités en continu stimulent la production de dopamine dans notre cerveau, créant un véritable circuit de récompense similaire à celui des addictions.
Pour les jeunes mamans, cette dépendance est amplifiée par plusieurs facteurs spécifiques. D’abord, l’isolement social qui accompagne souvent l’arrivée d’un bébé : 68% des nouvelles mères rapportent se sentir plus isolées après la naissance, selon l’enquête nationale périnatale de 2021.
Le téléphone devient alors une bouée de sauvetage pour maintenir des liens sociaux. Ensuite, le besoin d’information et de validation : face aux doutes constants qui accompagnent la parentalité, Google et les groupes Facebook de mamans offrent des réponses instantanées et rassurantes.
Enfin, le besoin légitime d’évasion mentale : s’occuper d’un enfant est mentalement épuisant, et le scrolling sur Instagram peut représenter une pause cognitive accessible, même avec un bébé dans les bras.
Comprendre ces mécanismes est la première étape pour reprendre le contrôle, sans culpabilité excessive.
Astuce n°1 : créez des zones et des moments sans téléphone
La première stratégie consiste à établir des frontières claires, à la fois spatiales et temporelles. Commencez par désigner certains espaces de votre maison comme « zones sans téléphone ».
La table à manger est un excellent point de départ : les repas partagés avec votre enfant, même s’il est encore tout petit, constituent des moments d’apprentissage social fondamentaux.
Une étude de l’INSERM a révélé que les enfants dont les parents utilisent leur téléphone pendant les repas développent un vocabulaire 23% moins riche à 3 ans.
La chambre à coucher est une autre zone à sanctuariser : non seulement pour améliorer votre sommeil (la lumière bleue perturbe la production de mélatonine), mais aussi pour créer un rituel du coucher de qualité avec votre enfant.
Côté temporel, instaurez des plages horaires dédiées à la déconnexion : peut-être les deux heures après la crèche ou l’école, ou la première heure après le réveil.
Marie, maman de deux enfants à Lyon, témoigne : « J’ai instauré un rituel ‘téléphone dans la boîte’ dès que je franchis la porte après avoir récupéré mes enfants. Les premiers jours ont été difficiles, mais maintenant, ces moments sont devenus les plus riches de notre journée. Je redécouvre mes enfants sans le filtre de l’urgence ou de la distraction. »
Astuce n°2 : réorganisez votre téléphone pour une utilisation consciente
Notre téléphone peut devenir un allié plutôt qu’un ennemi, à condition de le reconfigurer intelligemment.
Commencez par un grand ménage numérique : désinstallez les applications sur lesquelles vous passez du temps sans réelle satisfaction (identifiez-les grâce aux statistiques d’utilisation de votre téléphone). Pour celles que vous souhaitez conserver, réorganisez-les en créant un environnement qui favorise l’utilisation intentionnelle plutôt qu’automatique.
Regroupez vos applications dans des dossiers thématiques et placez les plus addictives dans un dossier éloigné de votre écran d’accueil.
Désactivez toutes les notifications non essentielles : selon une étude de l’Université de Californie, chaque notification interrompt notre concentration pendant environ 23 minutes.
Activez les fonctionnalités « bien-être numérique » ou « temps d’écran » pour vous fixer des limites quotidiennes par application. Installez des applications comme Forest ou Focus qui vous encouragent à poser votre téléphone.
Enfin, changez l’affichage de votre écran en noir et blanc pendant certaines périodes : cette simple modification réduit considérablement l’attrait de votre téléphone en diminuant la stimulation visuelle.
Sophie, maman d’un petit de 18 mois à Nantes, partage son expérience : « J’ai créé un second écran d’accueil avec uniquement les applications ‘utiles’ comme l’appareil photo, les recettes et l’agenda. Mon écran principal ne contient plus que des applications qui m’aident dans mon rôle de maman. Résultat : je prends plus de photos de mon fils et moins de temps à scroller sans but.«
Astuce n°3 : trouvez des alternatives gratifiantes à votre téléphone
Pour réussir à décrocher durablement, il est essentiel de remplacer cette habitude par d’autres activités tout aussi satisfaisantes. Notre cerveau a besoin de ces moments de « récompense » que nous procure habituellement le téléphone.
Identifiez d’abord ce que vous recherchez dans votre utilisation du smartphone : est-ce la connexion sociale, la détente, la stimulation intellectuelle, ou l’évasion ? Puis, trouvez des alternatives qui répondent au même besoin mais de façon plus enrichissante.
Pour la connexion sociale, privilégiez les appels vocaux plutôt que les messages, ou mieux encore, rejoignez un groupe de mamans dans votre quartier.
Pour la détente, redécouvrez des activités manuelles compatibles avec la présence d’enfants : tricot, coloriage, jardinage sur balcon.
Pour la stimulation intellectuelle, constituez une pile de livres ou magazines facilement accessibles dans différents coins de la maison, prêts à être feuilletés pendant les micro-pauses.
Pour l’évasion, essayez la méditation guidée ou simplement la contemplation – regarder par la fenêtre pendant que bébé fait sa sieste peut être étonnamment ressourçant. Créez également des « kits d’urgence anti-téléphone » : une boîte contenant un magazine, des cartes à jouer, un carnet de notes, que vous pouvez attraper quand l’envie de scroller se fait sentir.
Émilie, maman solo d’une petite fille de 4 ans, raconte : « J’ai remplacé mon réflexe ‘téléphone’ du soir par la lecture de poésie. Juste quelques vers avant de m’endormir. C’est court, accessible même quand je suis épuisée, et tellement plus nourrissant que les réseaux sociaux.«
Astuce n°4 : impliquez votre entourage dans votre démarche
La déconnexion est plus facile quand elle devient un projet collectif. Parlez de votre démarche à votre partenaire, votre famille et vos amis proches.
Proposez des défis communs comme des week-ends sans téléphone ou des soirées déconnectées. Établissez de nouvelles normes sociales dans votre cercle : par exemple, lors des rencontres entre amis avec enfants, instaurez la règle du « téléphone en pile » où tous les appareils sont empilés au centre de la table, le premier qui craque paie le café !
Pour votre partenaire, suggérez des moments quotidiens de déconnexion mutuelle, comme la demi-heure après le coucher des enfants. Cette approche collective présente plusieurs avantages : elle renforce votre motivation, normalise la déconnexion aux yeux de vos enfants, et améliore la qualité de vos relations.
Une enquête IPSOS de 2022 révèle que 82% des couples avec enfants estiment que l’usage du smartphone a un impact négatif sur leur communication.
En impliquant votre partenaire, vous investissez donc aussi dans votre relation de couple. Avec les enfants plus grands, transformez la déconnexion en jeu familial : créez un « bocal à téléphone » décoré ensemble où chacun dépose son appareil pendant les activités familiales, ou instaurez un système de points récompensant les moments sans écran.
Claire, maman de trois enfants à Bordeaux, témoigne : « Nous avons instauré les ‘mercredis analogiques’ où toute la famille déconnecte. Au début, c’était difficile, mais maintenant mes enfants sont les premiers à me rappeler à l’ordre si je jette un œil à mon téléphone ! »
Astuce n°5 : pratiquez la pleine conscience numérique
La dernière astuce, peut-être la plus puissante, consiste à développer une relation plus consciente avec votre téléphone.
Il ne s’agit pas de supprimer totalement son usage, mais de transformer une habitude automatique en choix délibéré.
Avant chaque utilisation, prenez l’habitude de vous poser trois questions simples : « Pourquoi je veux consulter mon téléphone maintenant ? », « Est-ce vraiment nécessaire à cet instant précis ? », « Que pourrais-je faire d’autre pendant ces quelques minutes ? ».
Cette pause réflexive de quelques secondes suffit souvent à briser le geste automatique. Pratiquez également la technique du « temps différé » : quand vous ressentez l’envie de consulter votre téléphone, accordez-vous un délai de 5 minutes avant de céder à cette impulsion.
Souvent, l’envie passera d’elle-même. Enfin, tenez un journal de vos habitudes numériques pendant une semaine : notez chaque fois que vous consultez votre téléphone, dans quel contexte et pour quelle raison.
Cette prise de conscience est souvent révélatrice. Pauline, maman d’un bébé de 8 mois, partage : « J’ai réalisé que je consultais systématiquement mon téléphone pendant les tétées. En tenant un journal, j’ai compris que je cherchais à ‘optimiser’ ce temps, alors que c’était justement une occasion précieuse de connexion avec mon bébé. Maintenant, je profite de ces moments pour simplement observer son visage, ses expressions. Ces instants sont devenus les plus précieux de ma journée. »
Vers une maternité plus présente
Décrocher de son téléphone n’est pas un objectif en soi, mais un moyen de reconquérir une présence authentique dans notre rôle de mère.
Les bénéfices vont bien au-delà de la simple réduction du temps d’écran : une attention plus soutenue envers nos enfants, une meilleure qualité de sommeil, une diminution du stress et de l’anxiété, et surtout, la libération d’un espace mental précieux pour simplement être là, pleinement.
La déconnexion numérique nous reconnecte à l’essentiel : ces moments fugaces de l’enfance qui passent si vite.
Comme le résume si bien la psychologue Catherine Audibert : « Ce dont les enfants ont besoin, ce n’est pas de parents parfaits, mais de parents présents ».
Alors, commencez doucement, sans culpabilité ni objectif irréaliste. Choisissez une ou deux astuces qui vous parlent et intégrez-les progressivement à votre quotidien. Rappelez-vous que chaque petit pas compte, et que la perfection n’est pas l’objectif.
La vraie réussite, c’est de créer une relation plus équilibrée avec la technologie, qui vous serve vraiment, vous et votre famille, plutôt que l’inverse. Et vous, quelle sera votre première action pour reprendre le contrôle ?
- Créez des zones sans téléphone dans votre maison
- Réorganisez votre écran d’accueil pour une utilisation plus consciente
- Trouvez des alternatives gratifiantes qui répondent à vos besoins réels
- Impliquez votre entourage dans votre démarche de déconnexion
- Pratiquez la pleine conscience numérique au quotidien
Laisser un commentaire